Exposition du 8 février au 15 mars 2020
Du jeudi au lundi de 15h à 18h
Vernissage le dimanche 9 février à partir de 15h
Pedro Frémy
J’envisage la sculpture comme une discipline complète.
Il faut faire preuve d’un certain acharnement, ainsi que d’une aptitude pour l’escalade et la furtivité pour extirper d’une montagne de ferraille au rebut une future nageoire d’hippocampe, au moment où le grutier haut perché a le regard ailleurs, juste sous le panneau « récupération formellement interdite » placé là comme un défi lancé à l’insatiable fouineur.
Cette première étape hautement jouissive de prospection occupe une grande partie de mon temps et, curieusement, constitue souvent une fin en soi.
Tel le caillou paré de mille couleurs qu’on récupère au fond de la rivière, ma nageoire d’hippocampe perd tout son éclat une fois incorporée à l’amas de ferraille qu’est mon atelier, entre deux orteils de cyclope , une hypothétique tête de robot et un scorpion moulinex qui, stoïques, attendent leur heure.
La joyeuse re-découverte de ces morceaux de choix constitue vraiment la première étape de travail.
Vient le temps dédié à la construction, qui s’apparente à celui des rêves : il devient élastique, discontinu, se déforme, ralentit ou se précipite, tournant souvent en boucle, parfois brusquement interrompu, mais rarement linéaire, il donne naissance à des monstres.
L’apprivoisement ou non de ces monstres est l’affaire de chacun, et cela n’est plus de mon ressort, une fois la sculpture achevée.
Le choix du métal comme matériau d’expérimentation est un curieux et heureux hasard, certainement lié à une obsession innée pour le feu et les transformations qu’il opère.
Cette rencontre constante avec la matière fer me surprend chaque jour, en particulier avec le métal de récupération : la découverte d’une nouvelle texture, d’une nouvelle nuance de rouille, d’une forme évocatrice, d’une résistance jusque là inconnue ou à l’inverse d’une étrange malléabilité conciliante sont pour moi autant de nouvelles arborescences de possibles.
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