Prochainement

MONTAGNE MULTIPLE

Expériences cartographiques

Eela Laitinen, peintures

Chloé Mossessian, installations & vidéo

19 octobre > 2 décembre 2024

Les cartes géographiques, traditionnellement utilisées pour la navigation et la compréhension du monde, occupent une place de choix dans le domaine de l’art. De nombreux artistes contemporains les intègrent dans leurs œuvres pour explorer des thèmes variés tels que l’identité, le territoire et la mémoire. Certains artistes utilisent des cartes anciennes pour évoquer des récits historiques oubliés, tandis que d’autres créent des cartes fictives pour imaginer des mondes alternatifs.

La cartographie artistique permet une approche subjective de l’espace, transformant des lieux géographiques en expériences personnelles et émotionnelles. Les cartes peuvent être réinterprétées, déconstruites ou même réinventées, offrant ainsi une nouvelle perspective sur les territoires et les frontières. Elles deviennent des supports pour questionner les notions de pouvoir, de possession et de déplacement.

En intégrant les cartes dans leurs œuvres, Eela Laitinen et Chloé Mossessian invitent le spectateur à réfléchir sur sa propre relation avec le monde. Leurs cartes géographiques, transformées en objets d’art, deviennent des médiums pour raconter des histoires, poser des questions et provoquer des réflexions profondes sur notre place dans le territoire.

Eela LAITINEN

peintures

Début 2024, l’Abbadiale – Maison des arts a proposé à Eela Laitinen de créer une exposition autour de cartes des Pyrénées.

Enthousiasmée par le projet, une collection de cartes anciennes a été confiée à Eela, comprenant notamment des cartes Ledormeur, des cartes d’état-major du début du XXe siècle, ainsi que des reproductions de cartes Schrader, acquises auprès de la Librairie des Voyageurs à Pierrefitte-Nestalas.

Les peintures de la série « Montagne multiple » exposées à l’Abbadiale sont ainsi réalisées sur des cartes anciennes des Pyrénées, ce qui apporte une dimension historique et géographique à son travail. Ces cartes, empreintes du passé, sont métamorphosées à travers des techniques de collage, de peinture et de dessin à l’encre de Chine, au fusain et à la peinture acrylique. Sous les pinceaux d’Eela, les éléments géographiques se transforment en points de départ pour des explorations visuelles, où chaque détail raconte une histoire, révélant la montagne bien au-delà de ses simples contours dessinés par les cartographes.

Eela a su créer une ambiance poétique et mystérieuse, transformant chaque œuvre en une véritable invitation au voyage. Son imagerie s’inspire de la faune et de la flore des Pyrénées, tout en puisant dans les mythes et légendes qui résonnent au creux des vallées et flottent dans l’air pur des sommets montagneux. Chaque œuvre trouve également son origine dans les souvenirs personnels d’Eela, issus de ses pérégrinations à travers différentes régions des Pyrénées, que ce soit en Bigorre, en Ariège ou dans le Roussillon. L’exposition devient ainsi un dialogue entre les traces du passé et ses propres histoires.

Cette série va bien au-delà d’une simple représentation de la nature, s’inscrivant dans une démarche introspective où les œuvres reflètent une quête de sens. En combinant art et cartographie, Eela cherche à instaurer un dialogue entre passé et présent, invitant le spectateur à redécouvrir ces territoires d’un point de vue inédit.

Finalement, à travers cette série, Eela souhaite transporter le spectateur dans un voyage à la fois visuel et émotionnel, l’invitant à réfléchir à sa propre relation à la montagne et à la nature. Elle espère que ses œuvres inciteront à explorer, rêver et ressentir la magie qui émane de chaque montagne.

Chloé MOSSESSIAN

installations, vidéo

La pratique de Chloé Mossessian oscille entre film, photographie, installations vidéo et de papiers découpés. Travaillant de manière nomade, elle développe ses projets à partir de recherches sur la géohistoire et sur l’infinie pluralité des lieux dans lesquels elle habite.

“Vous regardez un paysage et lentement, vous tournez sur vous-même pour voir l’ensemble du champ panoramique. Au moment où vous revenez à votre position initiale, vous ne regardez plus le même paysage.”

Dans une continuité et un contrepoint à un film réalisé récemment (Alentour, 2024) à propos du paysage de son enfance et de son histoire en strates, Chloé Mossessian, sollicitée par l’Abbadiale, a saisi l’occasion de cette exposition pour revenir à un travail manuel et d’expérimentation, et pour construire une table d’orientation (Ici, 2024) à partir de diverses cartes géographiques des Pyrénées collectées au fil des années et grâce à un appel local à contribution.

La table est composée de pétales (d’écailles ou d’éventails) de ces géographies. On s’oriente en regardant la chaîne pyrénéenne représentée comme si l’on se tenait sur un haut sommet d’Espagne et que l’on regardait vers le nord, la Mer Méditerranée à l’est, l’Océan Atlantique à l’ouest. Et entre-deux, les territoires cartographiés à différentes époques et échelles, pour marcher, pour rouler, pour se situer dans l’espace et dans le temps, se projeter, préparer le prochain déplacement.

Puis, pour se situer encore et puisqu’on peut tout cartographier, Chloé Mossessian a réalisé un ensemble d’impressions solaires avec la technique du cyanotype (Points de vue, 2024) : cartes anciennes des vallées et des gaves du Béarn, cartes linguistiques des Pyrénées catalanes, cartes des vents et des marées où la montagne descend dans l’océan, fragments d’archives photographiques locales, plantes endémiques, graines, lichens, pollens…

Chaque cyanotype a été exposé à la lumière des jours de l’été 2024, la densité de leurs bleus, la précision ou l’imprécision des traits dépendant de la météo et de l’heure de la journée. Ce rituel estival a pris la mesure des jours en en cartographiant les instants sur le papier photosensible.

Installés en constellation sur le mur de l’Abbadiale, les cyanotypes proposent une continuité visuelle à la table d’orientation et se lient par leur onirisme aux cartes dessinées d’Eela.

Ces deux propositions invitent à déplacer le regard sur le paysage que l’on a devant soi : comme sur une carte géographique si l’on change les paramètres et les informations que l’on souhaite y faire figurer et superposer aux autres signes, on y lit un langage, on s’y projette.

  • DATES

    19 octobre > 2 décembre 2024

  • HORAIRES D’OUVERTURE

    14h30 > 18h

    Du jeudi au lundi

Les artistes

Eela Laitinen

Eela (Eveliina) Laitinen est une artiste finlandaise résidant à Toulouse.

Après des études initiales au Lycée d’arts plastiques d’Helsinki, elle quitte sa ville natale pour l’Écosse, où elle se spécialise en design textile à l’Université Heriot-Watt. Par la suite, elle s’installe dans le sud de la France.

Les paysages sauvages du Nord, les Pyrénées, la Méditerranée et l’esthétique japoniste nourrissent son inspiration. Ses peintures évoquent des paysages enchanteurs, peuplés d’eaux tumultueuses et de forêts où mythes et créatures oniriques prennent vie.

Pour donner corps à ses visions artistiques, Eela utilise une variété de techniques de dessin et de peinture, telles que l’encre de Chine, l’aquarelle, le collage, ainsi que la peinture sur soie, parmi d’autres. Elle s’épanouit à la croisée de la peinture, du textile, du spectacle vivant et du graphisme, toujours en quête d’une expansion artistique.

Eela partage régulièrement son art et ses techniques à travers divers projets de médiation.

Depuis 2016, elle travaille dans le collectif Freddy Morezon sur la communication et le graphisme.

Entre 2019 et 2022 elle faisait partie du collectif et boutique de créateurs Mano Facto à Toulouse où elle exposait ses collections du prêt-à-porter et des tirages d’illustrations.

Ses créations ont été exposées à Edimbourg (Royaume-Uni), à Savonlinna (Finlande) à Toulouse et dans d’autres villes dans la région Occitanie.

+ site internet d’Eela

Chloé Mossessian

Chloé Mossessian (1992) est une artiste plasticienne et réalisatrice française. Elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris avec les Félicitations du Jury en 2016, et a étudié la réalisation de film à The Cooper Union à New York City. Elle a ensuite travaillé comme photographe, vidéaste et monteuse pour le French Institute Alliance Française de New York. Elle vit et travaille dans les Pyrénées (66 et 64).

Sa pratique oscille entre film, photographie, installations vidéo et de papiers découpés. Travaillant de manière nomade, elle développe ses projets à partir de recherches sur la géohistoire des lieux dans lesquels elle habite, reliant l’intime aux paysages.

En 2023, elle réalise un film-essai sur le paysage de son enfance, Alentour. Elle co-réalise et co-produit également des films avec le compositeur Hank Mittnacht (Hank Midnight): Concert for the Sun (2019), The Hat (2020), et Underground River (2021), et a co-fondé la série de films courts In Search of Old Growth (en cours).

+ site internet de Chloé